Analyse de roman : Vendredi ou la vie sauvage, Michel Tournier

Analyse de roman : Vendredi ou la vie sauvage, Michel Tournier

29 janvier 2019 Non Par Edouard

 

Introduction

 

Inspiré des aventures de Robinson Crusoé, Michel Tournier a écrit ce roman «Vendredi ou la vie sauvage» à la fin des années 60.

Le sujet de ce récit retrace les aventures de Robinson. Après une violente tempête ayant provoqué le naufrage de la Virginie en route vers le Chili,  il se retrouve seul et affaibli sur une île déserte. Dans ce milieu hostile et pour ne pas tomber dans la folie, il va progressivement aménager l’île puis continuera en compagnie de Vendredi, son esclave. Celui-ci deviendra, à la suite d’un événement inattendu, le véritable héros du récit car le titre est bien «Vendredi ou la vie sauvage» et non «Robinson ou la vie sauvage».

 

OBJET-LIVRE

 

L’illustration de la première de couverture nous laisse deviner que nous avons affaire à un texte d’aventures, dans un pays lointain. Nous sommes également interpellés par deux civilisations, deux cultures qui se tournent le dos.

 

TENSION DRAMATIQUE

 

J’ai trouvé le récit bien construit du point de vue du déroulement progressif des informations. Ainsi, le rythme s’enchaîne assez agréablement, cela semble «couler» tout seul. Le lecteur n’a pas le temps de s’ennuyer sauf peut-être à quelques passages un peu longs. En effet, de nombreux détails sont donnés par le narrateur en ce qui concerne l’organisation de Robinson sur l’île ou des jeux entre Robinson et Vendredi. Néanmoins, c’est un récit d’aventure, l’écrivain donne donc de nombreux détails et des situations précises.

 

LISIBILITE/COMPLEXITE

 

Le récit n’est pas difficile à lire du fait du peu de personnages présents dans le récit : le lecteur ne se sent pas perdu. De plus, les événements s’enchaînent progressivement : du naufrage, nous passons à l’organisation de Robinson sur l’île puis à sa rencontre avec l’indien qu’il prénommera Vendredi….

Le lecteur a le temps de se familiariser peu à peu avec les personnages et cela m’a donné presque l’impression de visualiser tous ces évènements. Il existe une certaine chronologie du récit sans qu’elle soit contraignante.

 

REALISME ET/OU VRAISEMBLANCE

 

Ce récit d’aventures m’a plu pour sa vraisemblance et son côté très actuel, bien que cela se déroule au 18ème siècle. J’ai trouvé qu’il reflétait bien l’évolution de la société avec tous ses défauts et ses prises de conscience. Il ne faut pas oublier que Michel Tournier s’est basé sur une histoire vraie et qu’il y a apporté ensuite de nombreuses modifications.

Dès le début, Robinson décide de survivre, de ne pas tomber dans la folie, de ne pas «devenir comme une bête». Cet homme qui n’a plus de repère va se recréer une vie civilisée avec des lois, des codes. Il ira même jusqu’à rédiger une «charte de l’île Spéranza», cela va le réconforter. L’aspect matériel est également très important pour Robinson. Ainsi, il récupérera tout un ensemble de matériel sur l’épave de la Virginie.

Les choses toutes simples de la vie courante semblent lui échapper comme par exemple : sourire, «il avait beau se forcer, essayer de plisser les yeux et de relever les bords de sa bouche, impossible, il ne savait plus sourire».

Puis, nous assistons à la présence nécessaire de Vendredi, nécessaire mais aussi compliquée. Cela prouve que les rapports entre les êtres humains sont loin d’être simples.

 

GENRE/THEMES

 

Même s’il ne m’est pas possible d’établir de comparaison avec ma propre expérience, ce récit a quand même suscité une certaine réflexion de ma part. Ce roman se déroule au 18ème siècle; cependant il reste d’actualité. Le thème de l’exploitation, de l’esclavage qui est dénoncé dans ce texte, cette supériorité de la part de certains individus par rapport à d’autres est un thème toujours bien présent à l’époque actuelle.

Robinson, après avoir échoué sur l’île, rencontre les mêmes problèmes qu’une personne vivant dans la société actuelle : la solitude, la paresse, la folie…

 

STYLE

 

Le style est assez simple et même s’il n’y a pas beaucoup de personnages, j’ai trouvé qu’il était même changeant en fonction des passages. Par exemple, l’auteur va accumuler les verbes d’action concernant les tâches que Vendredi doit effectuer; «défricher, labourer, semer …». Tous ces verbes prouvent l’ampleur du travail à fournir par Vendredi. Puis viendront des passages avec plus de longueurs concernant l’organisation sur l’île ou bien les jeux entre Robinson et Vendredi dans la deuxième partie du livre.

Il y a également toutes les choses matérielles dont Robinson s’entoure pour se rassurer. Là encore, Michel Tournier va écrire une succession de mots : «bijoux, loupes, lunettes, canifs…. »

Robinson a besoin de se sentir rassuré en veillant à ne manquer de rien. Il conserve des choses même inutiles sur une île déserte mais on ressent que sa survie en dépend.

Les temps utilisés sont des temps du passé : passé simple, imparfait, plus-que-parfait. Pour les dialogues, bien sûr : le présent.

De nombreux symboles sont présents, ainsi, l’explosion nous apparaît comme une rébellion involontaire de la part de Vendredi ce qui va lui permettre une renaissance. L’oiseau, quant à lui, est symbole de liberté. Le dernier personnage : Dimanche représente l’espoir.

TENSION EMOTIONNELLE

 

Je n’ai pas pu rester extérieur à ce récit car j’ai été sensible aux rapports humains entre les deux personnages, rapports qui vont d’ailleurs complètement s’inverser. Alors que Robinson va s’imposer des règles strictes, c’est tout cela qui va être rejeté en fin de livre. Ce qui interpelle également c’est la grande fragilité de tout ce petit univers «civilisé». En une seule explosion, tout a été anéanti. Cela tient à peu de choses mais en même temps si cette explosion n’avait pas eu lieu, Robinson n’aurait pas pu prendre conscience de certaines valeurs. Il découvre alors les réelles qualités de l’autre, la vie plus proche de la nature et comprend que cela ne lui a rien apporté d’avoir la supériorité sur Vendredi.

Robinson apparaît comme un dominateur mais également comme une victime de la solitude.

 

CARACTERE MORAL

 

Par ce récit, j’ai été amené à réfléchir sur ce qu’était la meilleure façon de vivre. Était-ce celle de Robinson avec des biens matériels et une vie très bien réglée ou bien celle de Vendredi qui est une vie de liberté, de farniente tournée vers la nature ?

Le lecteur ne peut être insensible au fait que même s’il n’y a que deux êtres sur un bout de terre, il faut toujours qu’il y en ai un qui domine l’autre. Les thèmes comme l’exploitation de l’homme, le racisme, la solitude et le courage sont traités de façon assez forte tout au long du récit.

 

ORIGINALITE

 

Je ne peux pas dire que la fin de cette histoire a été une surprise pour moi. En effet, l’attitude de Vendredi laissait supposer qu’il ne resterait pas sur l’île de Spéranza. Ainsi, je me doutais qu’il partirait avec le bateau anglais. Un certain suspens planait sur ce qu’allait réellement faire Robinson.

J’ai trouvé les dernières lignes émouvantes car Robinson, avec ses rituels très civilisés, se sent protégé des guerres, du racisme……

CONCLUSION

 

Vie sauvage, solitude, dominant, dominé, esclavage, soumission…. malgré ces mots très forts, je ne peux m’empêcher de mettre en avant le courage et l’espoir qui symbolisent véritablement cette aventure.