Le Parfum : Histoire d’un meurtrier – Patrick Süskind – Résumé détaillé
« Au monde, il ne cédait que ses excréments »
Résumé :
Jean-Baptiste Grenouille, notre héros, naît au milieu d’un des quartiers les plus répugnants de la capitale française : la place du marché, d’une mère poissonnière, qui accouche dans les détritus qui s’amoncèlent. D’ailleurs, elle le laisse pour mort sur son matelas de déchet. Il crie, les badauds l’entendent et la mère est condamnée à mort comme l’étaient à l’époque les tueuses d’enfants.
Grenouille grandit dans l’orphelinat de madame Gaillard, où l’on se rend compte qu’il est différent : il est étrange, met du temps à apprendre à parler, mais surtout il n’a pas d’odeur. Les autres enfants avec qui il vit en font le Poil de Carotte de l’orphelinat. Mais il fait face à ces difficultés, aux maltraitances qui lui sont infligées et aux moqueries. Il est avide de tout, il possède une mémoire olfactive incroyable. Il comprend toutes les odeurs, avec un odorat bien plus puissant que celui d’un humain normal. Il en est gourmand, jamais rassasié.
Il est vendu à l’âge de huit ans à un tanneur, Grimal. On découvre alors le monde de la tannerie, l’acharnement au travail, l’extrême difficulté du monde de cette époque. Grenouille s’accommode à l’odeur nauséabonde de la tannerie et il se donne de tout son corps sec, énergique et efficace à la besogne. Au cours de livraisons, il a l’occasion de parcourir Paris et en découvre alors de nouvelles odeurs, les décompose, les classe et en garde un souvenir très net dans son esprit.
Grenouille, pour qui jusqu’alors la vie n’avait été qu’une éprouvante succession de difficultés qu’il fallait surmonter avec énergie, ressent un vif bien-être, qui va piquer sa curiosité, en rencontrant une jeune fille rousse, dégageant une odeur qui lui était inconnue et étrangement enivrante. Il est conquis par cette odeur, et, au flair, retrouve la fille, l’étouffe et la dénude. Il se met alors à respirer son odeur sur sa peau. Il parait ressentir de la joie, ou au moins la satisfaction de posséder une odeur qui ne soit pas répugnante. Cependant, il doit partir, mais se promet de trouver un moyen de capturer cette odeur.
Il arrive à se faire recruter comme apprenti chez un maître parfumeur en plein déclin, Baldini, en faisant en quelques instants un parfum aux accents très fins. Celui-ci le rachète à Grimal pour une belle somme.
Baldini exploite avec un certain émerveillement le jeune Grenouille, en faisant passer ses créations pour les siennes. Il retrouve sa gloire d’antan et redevient un parfumeur prestigieux. Grenouille ne cherchait qu’à apprendre comment capturer les odeurs, fidèle à son projet. Baldini accepte de lui enseigner la distillation. Cependant, Grenouille se rend compte que cela ne permet pas de capturer les odeurs d’objets. Déçu, désespéré, il tombe gravement malade et une fois de plus semble condamné. Il guérit en apprenant que d’autres techniques d’extractions d’odeur existent, et l’autorise à partir à Grasse pour les apprendre, en échange de plusieurs recettes de parfums qui permettront au parfumeur de rester célèbre.
Le voyage de Grenouille est assez peu décrit. Il découvre à la campagne qu’il haït l’odeur des hommes. Il cherche à s’isoler du monde, dont l’odeur est trop intolérable pour lui. Il s’enfonce dans une grotte du le Massif Central et y vit plusieurs années, se nourrissant peu et de ce qu’il trouve. Grenouille s’accommode tout à fait des odeurs qu’il a déjà rencontré, il se les remémore, sa mémoire est intacte. Mais chacune de ses rêveries lui font revenir à l’odeur de la jeune fille qu’il a tué, ce qui lui procure la joie dans sa solitude, sous la montagne et loin du monde. Grenouille quitte sa grotte après avoir fait une terrible découverte : il n’a lui-même pas d’odeur, ce qui lui fait tant aimer celle des autres. Il décide de reprendre la route pour achever sa quête : capturer les odeurs.
Alors qu’il marche vers Grasse, il rencontre un marquis qui le prend sous sa protection. Il compte se servir de ce cobaye ayant vécu plusieurs années sous terre pour valider sa théorie sur l’influence de la vie en profondeur sur le corps humain. Le marquis le conduit à Montpellier comme une bête de foire, où Grenouille se confectionne un parfum lui permettant d’avoir une odeur d’homme.
Il part pour Grasse où il apprend dans les ateliers de madame Arnulfi les techniques d’effleurage. Il commence alors sa sinistre besogne : il flaire des jeunes femmes, dégageant une odeur exaltante, les tue et capture leurs odeurs. Les morts s’enchainent, il ne laisse aucune trace, aucun indice, la ville est en émoi, au désespoir ! Les esprits tournent à la folie. Grenouille achève sa série en tuant la fille d’un haut dignitaire à l’odeur bien plus forte que les précédentes. Son parfum est prêt. Il est persuadé qu’il réussira à asservir le cœur des hommes avec.
Néanmoins, malgré tous les efforts qu’il déployait pour éviter d’être capturé lors de ses tristes forfaits, il est arrêté pour le meurtre de vingt-cinq jeunes filles. Avant de monter sur l’échafaud, il met quelques gouttes de son parfum sur lui, et de la haine, la foule passe à la complaisance et la pitié : le parfum fait son effet, il domine le peuple. Il ne peut être qu’innocent, comme un ange venu du ciel, lui qui avait fait planer sur la ville une ombre terrifiante et une ombre omniprésente ! L’odeur qu’il dégage déclenche dans la foule une orgie, et Grenouille repart pour Paris.
Grenouille a réussi à dominer les hommes. Cependant, il a échoué à trouver son odeur. Il retourne sur le marché où il avait commencé sa vie, s’enduit de son parfum. Les prostituées et les mendiants le dévorent, tant attirés par l’odeur qu’il dégage.
Commentaire :
On remarque tout d’abord que toutes les personnes ayant côtoyé Grenouille trop longtemps meurent prématurément : sa mère (pendue), la pensionnaire (égorgée), le tanneur (noyé dans la Seine), le parfumeur (dans l’éboulement du Pont-Aux-Change), le marquis (au cours d’une de ses expériences scientifiques), le compagnon de Grasse (jugé comme étant le tueur en série).
Le roman est ponctué de descriptions de Paris du XVIIIe siècle. Pas le Paris bourgeois des Lumières, pas Versailles la resplendissante du Roi Louis XV qui règne sur le royaume ou de sa somptueuse courre. Mais le Paris violent, impitoyable et sans âme des bas-fonds, la ville sale, humide et infecte des mauvais quartiers. La crasse et la puanteur sont d’ailleurs omniprésents tout au long du roman, surtout décrits par la voie olfactive, apportant plus de crédibilité à la faculté de notre assassin de percevoir toutes les odeurs.
Le Parfum est aussi une description des personnages de l’époque : la pensionnaire cupide, qui ne protège Grenouille des autres enfants que parce qu’elle peut lui rapporter de l’argent, l’artisan brutal et aviné, le commerçant sans talent et orgueilleux, l’homme passionné de théories scientifiques… Les gens sont violents, vils, dangereux.
L’auteur nous fait aimer cet anti-héros impitoyable, poursuivant une quête folle et réduisant les femmes qu’il tue à leurs odeurs. La dernière partie du livre est un véritable roman policier, où Grenouille poursuit ces pauvres femmes, les tue et capture leurs odeurs sans se faire attraper par la ville aux aguets, déjouant les pièges de la police et de parents protecteurs.
C’est enfin le roman d’une quête effrénée de l’identité d’un homme qui n’a de cesse d’être insatisfait.