Mateo Falcone – Prosper Mérimée – Résumé détaillé

2 mai 2019 0 Par Stanislas

 

« Le maquis est la patrie des bergers corses et de quiconque s’est brouillé avec la justice. »

Résumé de la nouvelle

 

La situation initiale

La nouvelle commence sous des airs à première vue de simple description du paysage corse et de ses laboureurs. Nous sommes guidés par le narrateur à travers le maquis, par un chemin tortueux, parsemé de ravins et d’obstacles. Celui-ci nous amène jusqu’à la demeure de Mateo Falcone, où il vivait avec sa femme et son fils Fortunato.

Mateo Falcone était un fin tireur, ce qui faisait de lui un homme réputé et redouté. Il vivait du produit des troupeaux que des bergers faisaient paître sur son domaine, et plaçait de grands espoirs en son unique fils.

Le fugitif

Un jour d’automne, Mateo et sa femme partirent visiter un troupeau qui paissait dans les montagnes, laissant le jeune Fortunato seul à la maison. Celui-ci se prélassait sur la pelouse ensoleillée lorsqu’il entendit des coups de feu et vit arriver un homme bien mal en point.

L’homme se présentait sous le nom de Sanpiero, poursuivi par les gendarmes. Il demanda à Fortunato de le cacher pour ne pas être capturé. L’enfant préférait attendre le retour de son père, mais le temps pressait, les gendarmes approchaient. Sanpiero, comprenant que les menaces n’atteignaient pas le jeune corse, lui tendit une pièce d’argent. Celui-ci accepta alors de cacher le fugitif dans un tas de foin, effaça les traces de sang et retourna se prélasser sur sa pelouse.

Les gendarmes accoururent, et demandèrent à Fortunato s’il n’avait pas vu passer un bandit. Loyal, l’enfant répondit qu’il n’avait rien remarqué. L’adjudant était un cousin éloigné de Fortunato, qui ordonna de fouiller la maison. L’enfant répondait aux questions de son cousin avec impertinence et dédain, protégé par le nom de son père. Les gendarmes ne trouvèrent pas le bandit dans la maison, et l’adjudant semblait embarrassé.

L’adjudant eut alors une idée : plutôt que de faire parler sous la menace le fils de Falcone, il valait mieux l’inciter à parler en lui offrant un présent. Alors il sortit de sa poche une belle montre qu’il fit miroiter sous les yeux de Fortunato. Après plusieurs refus, tiraillé par le dilemme et par les paroles de l’adjudant, il accepta le présent et livra le fugitif.

Le bandit se débattait plein de colère contre les gendarmes mais sa blessure l’empêcha de se battre, il fut ligoté solidement. Il proférait de vives injures à celui qui avait juré de le cacher mais qui n’avait pas tenu sa promesse.

A ce moment-là arrivèrent Mateo et sa femme. Voyant des gendarmes autour de sa demeure, Mateo se mit en joue, prêt à ouvrir le feu. Il n’avait rien à se reprocher et ne comprenait pas la présence de ces hommes armés.

Le dénouement

L’adjudant avança vers Mateo paisiblement, et salua Falcone, qui baissa son arme. Il lui expliqua qu’ils venaient d’attraper un bandit qui était caché chez eux. L’adjudant semblait heureux de cela, mais Mateo pestait entre ses dents. Le bandit traita l’enfant de traître et il fut emmené par les gendarmes. Lorsqu’ils furent seuls, Mateo mit son fusil sur son épaule et demanda à son fils de le suivre. Il l’emmena dans le maquis, lui demanda de dire ses prières et le tua, puis l’enterra.

 

Analyse

 

La Corse

Cette très courte nouvelle raconte une histoire corse sans états d’âme. Le narrateur décrit les faits, et il ne donne presque jamais son opinion même au cours de la scène finale, directe et expéditive.

Mérimée connait la Corse. Bien qu’il ne soit pas originaire de l’ile, il y séjourne suffisamment longtemps pour suffisamment cerner le caractère bien trempé de ces habitants. La description du paysage au départ n’est pas anodine : un pays est hostile engendre des habitants dangereux, dans le maquis cohabitent des bergers, des paysans et des bandits.

On apprend à quel point il est important de manier son fusil pour vivre en paix sur l’île, et le narrateur, qui n’avait pas l’air de beaucoup s’attacher aux détails, est très précis quant aux performances de Falcone avec son arme.

 

Les caractères corses

Fortunato, le jeune fils de Mateo, est encore un enfant. A ce titre, il en réfère à son père dès qu’il doit prendre une décision (lorsque Sanpiero arrive, Fortunato lui propose d’abord d’attendre le retour de son père), et de même, lorsque les gendarmes accourent, il se protège derrière le nom de son père. Cette obéissance et cette subordination est assez fragile : lorsqu’il doit prendre une décision, Fortunato n’obéit plus aux préceptes de son père.

Fortunato représente la cupidité : il n’est pas enclin à aider le fuyard, puis, à la vue de la pièce d’argent, accepte de le cacher. De même, alors il qu’il tient tête aux gendarmes (en se moquant d’eux), la montre qu’on lui propose en échange de la cachette du bandit le fait basculer. Il cède, et vend Sanpiero contre la montre d’argent.

Mateo Falcone incarne l’honneur corse : il vit noblement (mythe du bon seigneur) et s’est débarrassé d’un rival en amour pour épouser sa femme (mythe du chevalier servant sa dame). De même, apprenant que son fils, qui avait promis de cacher un fuyard sous son toit, l’a ensuite vendu sans vergogne, il doit venger l’honneur de sa famille entaché par la cupidité du fils. Alors sans hésiter, il tue son héritier.