Problématique : Comment Rimbaud fait-il pour parler d’un élément urbain ?
I) Un poème tel un tableau
1)L’apparence du poème
Le poème est constitué d’un bloc, un unique paragraphe rectangulaire. Jamais le poète ne va à la ligne. Ceci nous donne l’impression physique que le poème est un tableau contenu dans un cadre. Les phrases sont déclaratives, toutes simples, afin de montrer sans donner de ton particulier. Le poète nous plonge dans cette ambiance très neutre mais pour autant très profonde dès la première phrase, qui est nominale, montrant l’absence d’action. Les verbes d’états très employés dans ce poème appuient l’impression de fixité de l’image décrite.
2) Un paysage travaillé
De plus, la position de certains mots dans ce tableau ne semble pas anodine : « ciels » se trouve en haut de ce tableau (au début du poème, si vous préférez), tandis que « eau » en bas de l’image. On retrouve la couleur grise en haut et en bas, comme si la couleur du ciel se reflétait dans l’eau et encadre ainsi le tableau. On peut ajouter à cela que l’utilisation de « ciels » au pluriel est employé en peinture avant d’être très répandu pour la description de paysages.
3) Un tableau se dessine peu à peu
Le poème est un tableau aux formes géométriques : « dessin », « droits », « bombés », « descendant », « obliquant », « angles », « figures », « longs », « s’abaissent », « s’amoindrissent » … La liste est longue ! En outre, des lignes verticales semblent rayer ce tableau : « soutiennent », « mâts », « montent », « tombant » et faire une transition entre les deux parties de celui-ci.
Conclusion partielle
C’est davantage l’image d’un lieu que le poète veut nous peindre ici, plutôt que le lieu lui-même. Rien ne semble très clair, les pluriels retirent l’individualité aux éléments de ce décor.
II) Plus qu’un simple tableau, ce poème est musical
1) La poésie tel un instrument
Le poète décrit les ponts comme des « accords mineurs » qui se croisent, ce qui ajoute de la confusion au tableau. De plus, il emploie quelques métonymies pour dire que l’on entend de la musique : « instruments de musique », « airs populaires », « concerts seigneuriaux », et « hymnes publics ».
2) Un poème rythmé
On a une alternance entre les phrases ternaire et binaire : « ceux-ci droits, ceux-là bombés, d’autres descendant ou obliquant », « long et léger », « s’abaissent et s’amoindrissent », « des mâts, des signaux, de frêles parapets » … Cette alternance impose un certain rythme dans le poème, qui ne peut être lu de manière monocorde.
3) Un appel aux sens
On peut ajouter au rythme du poème la présence d’une phrase en alexandrin (pénultième phrase), de rimes internes (« descendant », « obliquant », « bombés », « premiers », « musique », « publics »).
Le poète relie des éléments visuels et sonores « rouge » et « musique » en employant pour les décrire le même verbe « distingue » : il met sur le même plan les couleurs et les airs musicaux.
Conclusion partielle
Le poète nous incite à voir les ponts dans leur harmonie auditive !
III) La vision des êtres humains
1) Un poème axé sur le matériel et non l’humain
Ce poème semble étonnant car personne en particulier ne semble présent. « On » arrive au milieu du poème, et ce pronom personnel est une évocation très vague d’un ensemble de personnes (le poète et les lecteurs) qui seraient spectateurs de la scène. Le poète n’est pas une individualité mise en valeur, il estompe son rôle pour centrer l’attention sur les ponts.
2) Une œuvre floue
Le poète semble montrer ce qu’il voit et non ce qui est réellement, comme nous le rappelle la présence d’adjectifs démonstratifs « ceux-ci », « ceux-là » … La présence du poète se lit au travers de modalisateurs de jugement (« bizarre », « comédie »), d’étonnement (« tellement »), de modalisateurs temporels (« encore »), et de doute (« peut-être »). C’est un humain assez peu sûr de lui qui nous décrit cet endroit, ce qui rend le tableau assez flou et confus.
Les humains sont vus de manière peu claire dans ce poème : à travers leurs habits qui détonnent dans ce décor plutôt terne « veste rouge », à travers leur musique ou leurs instruments. On ne voit ni leur visage, on ne connait pas leur nombre, leur proximité… Ils sont une masse anonyme et informe.
3) L’individualité effacée
La musique des humains représente toute la société : « airs populaires » représentant le peuple, « concerts seigneuriaux » la noblesse et « hymnes publics » la république. Le fait de les confondre et de les entendre par brides successives nous donne l’impression que tout ces gens se mélangent et de cette foule on ne peut tirer d’individualité.
Conclusion partielle
La description est réalisée à partir d’un souvenir ou d’une photographie peu nette de l’endroit décrit. Le poète n’utilise pas cette description comme prétexte pour se mettre en valeur mais préfère se fondre dans la foule qu’il décrit.
Conclusion
Ce poème est descriptif, néanmoins il donne assez peu d’informations quantitatives sur ces ponts qui en sont le titre. Le poète est imprécis, non exhaustif. Le poète veut avant tout laisser transparaître une ambiance plutôt que décrire l’endroit très minutieusement. Tout est mêlé : le décor naturel, les constructions artificielles, les hommes en foule, leur musique… et le poète se fond dans cette masse. Il n’y a pas de contraste ni de délimitation précise, tant dans l’enchevêtrement des ponts que dans les hommes décrits en bas du tableau. Tous les ingrédients d’un tableau impressionniste sont réunis !
Les Ponts, Illuminations, Rimbaud – Commentaire de texte – BAC de français
Problématique : Comment Rimbaud fait-il pour parler d’un élément urbain ?
I) Un poème tel un tableau
1)L’apparence du poème
Le poème est constitué d’un bloc, un unique paragraphe rectangulaire. Jamais le poète ne va à la ligne. Ceci nous donne l’impression physique que le poème est un tableau contenu dans un cadre. Les phrases sont déclaratives, toutes simples, afin de montrer sans donner de ton particulier. Le poète nous plonge dans cette ambiance très neutre mais pour autant très profonde dès la première phrase, qui est nominale, montrant l’absence d’action. Les verbes d’états très employés dans ce poème appuient l’impression de fixité de l’image décrite.
2) Un paysage travaillé
De plus, la position de certains mots dans ce tableau ne semble pas anodine : « ciels » se trouve en haut de ce tableau (au début du poème, si vous préférez), tandis que « eau » en bas de l’image. On retrouve la couleur grise en haut et en bas, comme si la couleur du ciel se reflétait dans l’eau et encadre ainsi le tableau. On peut ajouter à cela que l’utilisation de « ciels » au pluriel est employé en peinture avant d’être très répandu pour la description de paysages.
3) Un tableau se dessine peu à peu
Le poème est un tableau aux formes géométriques : « dessin », « droits », « bombés », « descendant », « obliquant », « angles », « figures », « longs », « s’abaissent », « s’amoindrissent » … La liste est longue ! En outre, des lignes verticales semblent rayer ce tableau : « soutiennent », « mâts », « montent », « tombant » et faire une transition entre les deux parties de celui-ci.
Conclusion partielle
C’est davantage l’image d’un lieu que le poète veut nous peindre ici, plutôt que le lieu lui-même. Rien ne semble très clair, les pluriels retirent l’individualité aux éléments de ce décor.
II) Plus qu’un simple tableau, ce poème est musical
1) La poésie tel un instrument
Le poète décrit les ponts comme des « accords mineurs » qui se croisent, ce qui ajoute de la confusion au tableau. De plus, il emploie quelques métonymies pour dire que l’on entend de la musique : « instruments de musique », « airs populaires », « concerts seigneuriaux », et « hymnes publics ».
2) Un poème rythmé
On a une alternance entre les phrases ternaire et binaire : « ceux-ci droits, ceux-là bombés, d’autres descendant ou obliquant », « long et léger », « s’abaissent et s’amoindrissent », « des mâts, des signaux, de frêles parapets » … Cette alternance impose un certain rythme dans le poème, qui ne peut être lu de manière monocorde.
3) Un appel aux sens
On peut ajouter au rythme du poème la présence d’une phrase en alexandrin (pénultième phrase), de rimes internes (« descendant », « obliquant », « bombés », « premiers », « musique », « publics »).
Le poète relie des éléments visuels et sonores « rouge » et « musique » en employant pour les décrire le même verbe « distingue » : il met sur le même plan les couleurs et les airs musicaux.
Conclusion partielle
Le poète nous incite à voir les ponts dans leur harmonie auditive !
III) La vision des êtres humains
1) Un poème axé sur le matériel et non l’humain
Ce poème semble étonnant car personne en particulier ne semble présent. « On » arrive au milieu du poème, et ce pronom personnel est une évocation très vague d’un ensemble de personnes (le poète et les lecteurs) qui seraient spectateurs de la scène. Le poète n’est pas une individualité mise en valeur, il estompe son rôle pour centrer l’attention sur les ponts.
2) Une œuvre floue
Le poète semble montrer ce qu’il voit et non ce qui est réellement, comme nous le rappelle la présence d’adjectifs démonstratifs « ceux-ci », « ceux-là » … La présence du poète se lit au travers de modalisateurs de jugement (« bizarre », « comédie »), d’étonnement (« tellement »), de modalisateurs temporels (« encore »), et de doute (« peut-être »). C’est un humain assez peu sûr de lui qui nous décrit cet endroit, ce qui rend le tableau assez flou et confus.
Les humains sont vus de manière peu claire dans ce poème : à travers leurs habits qui détonnent dans ce décor plutôt terne « veste rouge », à travers leur musique ou leurs instruments. On ne voit ni leur visage, on ne connait pas leur nombre, leur proximité… Ils sont une masse anonyme et informe.
3) L’individualité effacée
La musique des humains représente toute la société : « airs populaires » représentant le peuple, « concerts seigneuriaux » la noblesse et « hymnes publics » la république. Le fait de les confondre et de les entendre par brides successives nous donne l’impression que tout ces gens se mélangent et de cette foule on ne peut tirer d’individualité.
Conclusion partielle
La description est réalisée à partir d’un souvenir ou d’une photographie peu nette de l’endroit décrit. Le poète n’utilise pas cette description comme prétexte pour se mettre en valeur mais préfère se fondre dans la foule qu’il décrit.
Conclusion
Ce poème est descriptif, néanmoins il donne assez peu d’informations quantitatives sur ces ponts qui en sont le titre. Le poète est imprécis, non exhaustif. Le poète veut avant tout laisser transparaître une ambiance plutôt que décrire l’endroit très minutieusement. Tout est mêlé : le décor naturel, les constructions artificielles, les hommes en foule, leur musique… et le poète se fond dans cette masse. Il n’y a pas de contraste ni de délimitation précise, tant dans l’enchevêtrement des ponts que dans les hommes décrits en bas du tableau. Tous les ingrédients d’un tableau impressionniste sont réunis !